Et si l’état haïtien substituait les investisseurs étrangers, toujours absents, par l’encadrement des entrepreneurs locaux!

27 octobre 2014

Et si l’état haïtien substituait les investisseurs étrangers, toujours absents, par l’encadrement des entrepreneurs locaux!

itespresso.fr2
Credit photo: itespresso.fr

L’industrialisation et puis l’ouverture des marchés extérieurs ont conduit à la naissance des multinationales. Cette recherche de baisser les coûts de production au maximum en délocalisant les usines là où les matières premières sont les moins chères et la où les consommateurs se trouvent directement pour éviter les coûts de transport et les taxes d’importations.

De nos jours, on peut trouver des firmes multinationales dans tous les secteurs de l’économie. Dans le secteur primaire on a des entreprises comme Nestlé,Kraft Foods,Danone, United Food Company. Dans le secteur secondaire nous avons Elf aquitaine, Exxon mobile, Michelin, Louis Vuitton, Mercedes-Benz. Finalement, dans le tertiaire nous avons des entreprises comme Bayer Schering Pharma, Groupe AXA, Ernst & Young, Walt Disney Company, EDF.

Les multinationales sont devenues des éléments clés dans le monde contemporain. Elles sont à la base de la production d’une énorme partie de nos besoins quotidiens, leurs présences dans tous les secteurs de l’économie font des multinationales un des principaux moteurs de l’économie mondiale puisqu’elles possèdent une énorme partie de la richesse mondiale.

Personne ne peut nier le lien qui existe entre une forte culture d’entreprise et le développement. Dans son allocution lors du Forum d’investissement mondial, à Xiamen, Chine, en septembre 2010, le sous- Secrétaire américain des affaires économiques, énergétiques et agricoles, M. Robert D. Hormants, précise l’importance des investissements étrangers directs dans une économie en ces termes: «Aujourd’hui, plus de 80 000 entreprises multinationales (EMN) fonctionnent dans le monde entier avec plus de 800 000 filiales étrangères… Les investisseurs étrangers apportent non seulement des capitaux frais, la technologie, l’esprit de compétition, des idées à de nouveaux marchés, mais aussi ils apportent des emplois… Les investissements non seulement créent des emplois et de l’innovation, mais ils génèrent aussi de plus en plus de commerce.»

Ces dernières années, le terme à la mode de la diplomatie haïtienne c’est l’ouverture d’Haïti aux affaires. Le gouvernement de son côté multiplie voyages et rencontres pour attirer les investisseurs, autrement dit les multinationales.Ce qu’on a tendance à oublier c’est qu’après la venue des investisseurs, il faut les retenir. Donc après l’attraction, il y a la rétention. Dans toute cette campagne agressive pour faire venir des capitaux étrangers, comme citoyen avisé et fin observateur, je ne peux m’empêcher de poser ces questions :Haïti est-elle vraiment ouverte aux AFFAIRES ? Est-elle prête à accueillir des investisseurs étrangers ?Nos stratégies d’attirer des investisseurs sont-elles efficaces ?

Le plus simple des profanes sait que l’investissement requiert une atmosphère de confiance. On doit inspirer confiance dans la sécurité publique, cette question ne peut pas être sous-estimée dans le processus d’attirer et de retenir les investisseurs étrangers. Confiance dans la qualité des services offerts.

Par empressement, les principaux promoteurs de cette nouvelle campagne oublient qu’ils seraient difficiles pour qu’un investisseur étranger vienne investir dans un pays où les entrepreneurs locaux investissent très peu. Le taux des investisseurs locaux dans une économie est un thermomètre pouvant aider à voir le niveau de confiance du secteur privé dans les institutions étatiques et du personnel politique. Inciter et encourager les investisseurs locaux est un pas important dans le processus d’attraction des capitaux étrangers. En invitant les autres, on doit aussi montrer les investissements des entrepreneurs haïtiens dans notre économie.

Faire venir des investisseurs étrangers sera un combat de longue haleine. Une diplomatie agressive ne sera pas suffisante. Le gouvernement haïtien doit multiplier ses efforts pour améliorer son score dans les différents rapports sur la transparence, réduire la lourdeur administrative, apporter des solutions aux problèmes fonciers et créer un climat politiquement stable.

Tout homme de bonne foi, doit saluer toute initiative qui vise à éradiquer l’extrême pauvreté en Haïti par la création d’emplois. Mais, la venue des investisseurs étrangers, est-il le seul moyen d’éradiquer l’extrême pauvreté ? L’histoire récente de la Suisse nous apprend que les PME, peuvent propulser un pays parmi les plus compétitifs au monde et faire de son économie l’un des plus dynamiques au monde. Donc, dans ce combat contre la pauvreté, le gouvernement haïtien doit aussi encadrer les PME haïtiennes. Car les multinationales qu’on vénère aujourd’hui ont été toutes des PME. Des PME qui ont gravi des échelons parce qu’ils ont été encadrées.

Actuellement, ils sont nombreux les pays qui ont compris la nécessité d’encadrer les PME. Ils prennent à cœur la formation de ceux qui veulent se lancer en affaires et encouragent vivement les jeunes à multiplier leurs initiatives entrepreneuriales. Le gouvernement haïtien doit déplacer son curseur vers les PME haïtiennes dans sa volonté de construire une économie forte et dynamique. Un fond d’investissement aux PME est envisageable puisqu’après la formation le problème majeur de ces entrepreneurs est l’accès au crédit.Les petites et moyennes entreprises encadrées d’aujourd’hui peuvent être des multinationales de demain. Heureusement que je ne suis pas peut-être le premier et le seul à voir les choses sur cet angle. Beaucoup de gens ne veulent pas élever leurs voix pour proposer cette voie par peur d’être taxé de mauvais musicien émettant un son contraire dans l’orchestre.

L’économie haïtienne a vivement besoin d’être lancée. Trois années de campagne sont, peut-être, suffisantes pour nous montrer la stratégie du gouvernement haïtien est inefficace. Dans un pays aussi pauvre comme Haïti, malhonnête celui qui dira que nous n’avons pas besoin de capitaux étrangers pour favoriser la croissance économique. Mais il n’existe aucune croissance durable sans des PME dynamiques. L’état haïtien doit encourager, encadrer et accompagner les entrepreneurs haïtiens d’Haïti et de la diaspora à investir en Haïti. Le combat contre la pauvreté doit être mené sur deux fronts. Primo, promouvoir Haïti à l’étranger comme terre de grande opportunité. Secundo, encourager et encadrer les entrepreneurs locaux. Qui sait, on aura peut-être un jour, une entreprise haïtienne aux origines modeste qui fera dans le monde, la fierté de toute une nation comme l’a fait Samsung pour le peule sud-coréen. Seulement, on doit les encadrer!

Étiquettes
Partagez

Commentaires